LA SOLITUDE DU CORRECTEUR DE FOND OU HEUREUX COMME SYSYPHE

Ce texte n'est pas sorti évident et sans effort de votre cerveau comme Athena armée de la tête de Zeus. Il vous a fallu le lire, le relire, revenir dessus pour essayer de l'améliorer. Parfois, vous n'y parvenez pas (cela m'est arrivé souvent) et le manuscrit est voué aux oubliettes d'où vous le tirerez peut-être un jour. Tout cela pour dire que votre roman vous le connaissez par coeur et que lorsque vous avez atteint le mot fin, le soulagement qui s'en suit bien que de courte durée est tout à fait sincère.

Mais avant de le porter sur les fonds baptismaux de l'édition le parcours est encore semé d'embûches. Lorsque vous serez publié par un éditeur comme Edilivre ou Les editions du net, ou en auto-édition, tout le travail de finalisation du texte vous revient. A moins bien sûr de payer un professionnel pour le faire, mais vu les prix pratiqués beaucoup y renoncent.

Et là, ce roman vous allez le lire et le relire. Au début à chaque lecture vous allez trouver des coquilles, des fautes, vous les corrigez satisfaits du travail accompli et patratas la lecture suivante vous en montre de nouvelles. A croire que les coquilles apparaissent de façon spontanée dans les manuscrits, histoire de rendre la vie impossible aux auteurs. Parfois, vous allez pouvoir faire appel à de la main d'oeuvre gratuite, parents, amis, mais qui en même temps jugeront votre bouquin. 

A la fin ce roman que vous avez choyé ; auquel vous avez pensé dès que vous en aviez le loisir ; vous donnera des migraines et vous n'aurez qu'une hâte envoyer le bon à tirer définitif et qu'on n'en parle plus. Tout en vous disant qu'il y a certainement une faute de français oubliée quelque part, ce qui vous ramène sur les bancs de l'école primaire du temps où vous faisiez des dictées.

Vous serez un petit Sysyphe, mais Camus disait qu'il faut imaginer Sysyphe heureux. 

Comments

[Odile]

Tellement vrai! J'aime beaucoup:" A croire que les coquilles apparaissent de façon spontanée dans les manuscrits, histoire de rendre la vie impossible aux auteurs."