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Francisco Lozano lecteur
8 février 2019

MEURTRES EN MAJUSCULE une enquête d'Hercule Poirot par Sophie Hannah au Masque

La présentation de l'éditeur (condensée)  : Hercule Poirot a décidé de mettre au repos ses petites cellules grises en se réfugiant incognito dans une pension londonienne, où il fait le connaissance de l'inspecteur Catchpool. Un soir, dans un hôtel de Londres, trois meurtres sont commis dans trois chambres à trois étages différents. Dans la bouche de chaque victime on trouve un bouton de manchette, gravé des initiales PIJ...

Je suis rentré dans ce roman comme on entre dans l'eau lorsque la mer est un peu fraîche, avec précaution. J'avais raison. Comme pour MILLENIUM 4, il s'agit ici d'exploiter le filon d'un auteur décédé, Agatha Christie en l'occurrence, pour vendre des livres en raison de la célébrité, méritée, de la créatrice du personnage central du roman.

Meurtres en majuscules

J'ai de nouveau une impression mitigée, le roman en lui même ne m'a pas déplu, s'il avait eu pour héros un détective inventé par l'auteure je serais moins sévère. Mais là où le bât blesse est que justement Hercule Poirot n'est pas un personnage sorti de l'imagination de Sophie Hannah. En tant que lecteur assidu de l'oeuvre d'Agatha Christie j'ai une représentation mentale de ses personnages, dont Hercule Poirot est le représentant le plus emblématique. Avec ce détective belge l'auteure a créé un archétype qui au fil de ses nombreuses aventures s'est étoffé lui donnant une épaisseur remarquable. Je me souviens d'une conversation lorsque j'étais étudiant en littérature il y a longtemps. Il n'était pas de bon ton d'afficher une admiration pour un auteur de romans policiers, une sous-littérature, nous étions deux à oser afficher notre goût pour ce type de romans et à en discuter ouvertement. Nous avions eu une conversation à propos d'Hercule Poirot, mon camarade vantait le profondeur du personnage, je lui ai rétoqué que c'était bien le moins, vu le nombre de romans qu'Agatha Christie lui avait consacré, que d'avoir un héros à la personnalité figée. Mon interlocuteur m'a alors répondu, une phrase que je n'ai pas oubliée "Et si c'était justement parce-que le portrait de Poirot est dispersé dans de nombreux livres qu'il n'est pas considéré comme un personnage littéraire majeur ? S'il n'apparaissait que dans un roman avec une telle densité, il serait admirable." Tout ça pour dire que s'attaquer à Hercule Poirot est à la fois facile, tous les amateurs connaissent ses tics et manies, et difficile parce-que les lecteurs ne peuvent être qu'exigeants.

Bon tout ça pour dire que je n'ai pas reconnu Hercule Poirot dans "Meurtres en majuscules", les tics sont là, certes, mais c'est tout. La psychologie, si j'ose employer ce mot pour un personnage en encre et papier, de Poirot m'a parue terriblement absente de ce roman. La narration est aussi très différente de celle qu'Agatha Christie emploie. Il y a bien un  "Hastings" en la personne d'un policier qui cohabite avec Poirot dans une pension de famille, mais ce faire valoir est trop falot, qui plus est il narre des événements qu'il n'a pas vécus, donnant une vision déformée laquelle empêche le lecteur de mener sa propre enquête en utilisant les éléments que découvre Poirot. Agatha Christie était beaucoup plus "sport" et cela faisait partie du plaisir de la lire que d'essayer de découvrir le meurtrier au même rythme que ses détectives.

L'intrigue, que je ne dévoilerai pas, est beaucoup plus alambiquée, voire tirée par les cheveux que dans l'oeuvre originale, jamais Agatha Christie, qui poussait parfois loin le bouchon, n'aurait écrit un roman aussi biscornu. Elle a traité le meurtre en vase clos mais ici l'auteure s'en tire de façon un peu trop invraisemblable à mon goût.

Bref, je trouve que ce roman n'est pas destiné aux fans de la Reine du crime. Les autres pourraient trouver du plaisir à le lire.

 

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