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Francisco Lozano lecteur
9 janvier 2019

PLAY-BACK de Didider DAENINCKX chez FOLIO

J'ai lu ce play-backroman au moment de sa sortie en 1986, je viens de le relire et j'ai décidé de vous en parler parce-que, selon moi, il n'a pas pris une ride.

Tout d'abord l'histoire : Patrick Farrel a écrit douze romans en dix ans, tous refusés par les maisons d'éditions. Il vivote en rédigeant des publicités et désespère de vivre un jour de sa plume. Jusqu'au jour où un de ses anciens copains de régiment, Michel Perrin fait irruption dans son appartement de la banlieue parisienne et lui met un marché en mains. Il accepte d'écrire les mémoires d'une jeune chanteuse à succès, Bianca B., sans que son nom n'apparaisse et ensuite les éditions Noséné, qu'il représente publieront l'un de ses romans. Patrick Farrel finit par accepter et décide de partir à Longrupt en Meurthe-et-Moselle pour rencontrer la jeune chanteuse afin de récolter les informations qui lui permettront d'écrire une "autobiographie". Mais, puisque nous sommes dans un roman noir, les choses ne se passeront pas comme il l'espère.

Beaucoup de choses me plaisent dans ce roman. Tout d'abord le personnage central Patrick Farrel, qui accumule les lettres de refus des éditeurs au fond d'un tiroir au-dessus des manuscrits retournés. Tout auteur qui a essayé de se faire publier avant l'irruption d'internet, se reconnaîtra dans cet anti-héros. Il en fallait de l'acharnement pour multiplier les envois postaux qui dévoraient votre temps et votre porte-monnaie. Mais en miroir de l'image de l'écrivain raté, il y a la Lorraine de l'après sidérurgie. Dans les années 80 la région a été dévastée et ses habitants plongés dans la crise par les fermetures d'usine et le chômage massif qui s'en est suivi. Dans le roman suinte, page après page, le désespoir de ce monde ouvrier, fier de ses valeurs et de son travail, dépossédé de tout ce qui faisait sa raison de vivre. Farrel va perdre son identité en devenant le "nègre" de la chanteuse, comme Longrupt a perdu la sienne avec ses usines. De rencontre en rencontre Daeninickx nous fait toucher du doigt la réalité sociale qui se cache derrière les plans sociaux et cette réalité est la même aujourd'hui.

Le livre est aussi l'occasion d'une critique acerbe des magouilles du monde du show-business avec les tripatouillages du hit-parade et la fabrication de vedettes kleenex prêtes à jeter. L'intrigue fait que l'aspect politico-social du roman ne paraît jamais pesant, ni comme une démonstration plaquée sur un récit servant de prétexte à une démonstration rébarbative.

Si vous aimez les romans policiers noirs inscrits dans une réalité sociale enracinée dans la vie des gens simples, ne ratez pas ce roman d'un auteur qui m'a beaucoup inspiré et que je lis toujours avec un immense plaisir.

 

 

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Francisco Lozano lecteur
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