ECRIRE EST UNE ENFANCE DE PHILIPPE DELERM

D’emblée, j’ai un aveu à vous faire, j’aime beaucoup Philippe Delerm. J’apprécie tout particulièrement sa façon de nous parler de ce qui est fondamental dans nos vies sans avoir l’air d’y toucher. Pas d’épopée chez lui, pas même d’intrigue véritable, juste des moments, des sensations, des actions quotidiennes vouées plus ou moins à l’échec. Pas étonnant qu’il aime tant Proust et Alain Souchon. Goûts que je partage également, surtout pour le deuxième, Proust me fascine, mais il m’arrive de considérer la vacuité de son existence comme un obstacle à mon adhésion. Chez Delerm il n’y pas ce défaut, les vies dont il parle sont des vies d’aujourd’hui, des petites vies comme celle que nous vivons tous plus ou moins. Mais toute la grandeur des humains est là, vivre quand même nos toutes petites vies quand on se rêvait héros parcourant les océans (n’est-ce pas Souchon ?).

Si j’ai choisi de vous parler de “Écrire est une enfance”, parmi tous les (courts) livres de Delerm, c’est parce que je sais que la plupart de ceux qui me lisent écrivent et que ce bouquin leur parlera nécessairement. Tout le livre est dans le titre, effectivement, pour écrire il faut avoir gardé une part de l’enfant que nous avons tous été. N’attendez pas un manuel d’écriture de la part de cet auteur, c’est plutôt une flânerie à travers ses souvenirs, ses motivations, ses lectures. Comment une vie nous conduit à écrire, comment le succès peut venir lorsqu’on l’attend le moins.

Difficile de vous en dire plus, il faut lire Delerm pour comprendre, mes mots ne peuvent qu’être impuissants à vous restituer un auteur aussi singulier. Je précise que cela ne m’empêche nullement de continuer à aimer lire les polars et thrillers qui constituent l’essentiel de mes chroniques. Comme disait le générique d’Arnold et Willy “il faut de tout pour faire un monde”. Je sais c’est la citation qui tue, mais j’ai une excuse, ça vient de l’enfance.